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Jacques Brianti
13 juin 2012

Balbino Giner

Cette nuit je mettais la dernière main à l'organisation de « mon prochain atelier ouvert ».Les invites étaient prêtes.J'avais idée de profiter de ce temps de convivialité pour inviter quelques amis  égarés, pas vus depuis longtemps, pas perdus pour autant. Balbino Giner était un de ceux là. J'allais essayer de trouver les mots pour  le convaincre de revenir une journée dans les Pyrénées Centrales...

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   Ce matin je prends connaissance d'un mail d'Alain Leduc ! La nouvelle est brutale, amplifiée par mon initiative de nuit et cette belle intention pour juillet! Et la plaisir de renouer... Balbino a trois ans de plus que moi, les amis s'effacent, c'est le temps, normal peut-être. J'ai eu un peu de rage à mon chagrin, et des larmes. Rage de l'avoir manqué lors de mon dernier passage à Collioure, content par la suite de savoir qu'il brillait à Florence. Si notre amitié est de longue date, indirectement Florence nous avait rapproché. En effet nous partagions beaucoup de choses, nous avions de nombreux amis communs, nous n'avions pas l'habitude de nous fréquenter du soir au matin. Mais nos rencontres n'étaient pas futiles. Il était prof aux Beaux-Arts de Toulouse, moi j'y étais plus ou moins interdit d’accès... persona non grata en quelque sorte. Lui agitateur en bordures, provoc dirons certains.... plus que cela de mon point de vue, sensibilité exacerbée... l'art en véhicule radical dans ses actes, moi j'étais remuant dans des structures, remuant au point de les traverser plutôt que d'y séjourner, mais prenant des responsabilités politiques, et autres, jusqu'à celles « électives »! C'étaient nos variantes, nos différences, il respectait cela et moi aussi en retour... Nous avons essuyés quelques feux ensemble. En 1990 à l'occasion de mon exposition aux Jacobins à Toulouse, qui faisait suite à celle de Florence (où j'avais travaillé sur les traces du Pontormo). Il prit la décision d'y amener ses étudiants, le débat fut rude  et sévère, je fus surpris de ces éclats, ces positions tranchées, certains tentèrent de me mettre à bas!!! Balbino savait le pourquoi de cette initiative. Mais loin de jouer les provocateurs, il mettait toute sa force pour faire émerger les contradictions du moment .Ce moment où les écoles se défaisaient de la modernité et commençaient à rêver Art Contemporain. Mais l'histoire ne s’arrêta pas à ces trois heures passées au musée. Il me rappela et me dit combien je serais une pièce supplémentaire au débat en interne. Il arriva à me convaincre et à faire céder les résistances de quelques profs et de la direction. Je fus artiste invité, mais pas pour faire galerie ! À l'époque les artistes invités (les vrais) fonctionnaient déjà en une sorte de « confrérie » interne aux écoles Je ne comprenais pas tous les codes ! Ils organisaient, ce que je nommais les « tournantes », et qui allaient devenir ces réseaux  hermétiques et puissants, pourfendeurs de la diversité. « Je t'invite, tu m'invites », « je te colle sur mon c.v., tu me colles sur ton c.v. » Balbino, lui n'était pas dans ce jeu là, provoquait des rencontres, des situations, la confrontation à l'état pur. Sans concession y compris avec lui même, Balbino c'était un tout, mais la force révélée d'un tout demande du temps, le temps a déjà joué pour lui.. Ce matin un peu désemparé, j'ai cherché des  petites choses de sa fin de parcours, je manquais de temps de partage pour cette dernière décennie...à qui m'adresser. Les dernières journées passées ensemble à Paris, c'était il y a longtemps. L'histoire suite et fin de Santiago... Puis des nouvelles dispersées, par la bande. Il avait posé ses armes au bon endroit. En allant dans cette Catalogne par le net, j'ai trouvé l'existence d'un de ses détracteurs (j'en avais eu vent déjà), il perpétue dignement (si l'on peut dire !) l'escouade de tristes dévoreurs de Balbino. Qu'il se rassure, il y en a eu d'autres, mais je dois dire celui là est un peu unique dans son genre ! Le fiel doit être de bonne médecine pour se prémunir des dangereux personnages qui se réclament du droit à la fête foraine, de peindre sans chevalet, de transgresser le motif, d'être libre de penser, de Pintar sin Dios... et de bien d'autres radicalisations. J'ajoute pour finir sur ce qui nous rassemblait, que je suis heureux de pouvoir aller voir à proximité, l'humble tombe de mon père  l'immigré italien, certes il n'était pas un grand peintre, c'était un ouvrier, qui avait fui les mêmes abatteurs.

      Salut Balbino ! Nous devions échanger quelques œuvres, cela ne s'est pas fait! tant pis. On n'a pas pris le temps. Moi j'ai su combien tu savais être prévenant, attentif avec les amis. Certes ce n'était pas toujours facile, mais l'exigence a son exigence ! Jacques Brianti le 8 mai 2012

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Balbino Giner, performance Inquisitions,  Montauban, XXVème Forum d'Occitanie, 1983

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Serge Pey, performance Inquisitions,  Montauban, XXVème Forum d'Occitanie, 1983

photos Jacques Brianti.

en haut Balbino Giner l'été 1996 au 5ème Festival de Germ Louron, Hautes-Pyrénées

 

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