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Jacques Brianti
19 avril 2009

L'ÊTRE DE L'ATELIER N° 3

Jusqu'en 1950, la mémoire était conçue comme un « filet » dont les mailles sont les souvenirs.

A partir de 1950, une révolution technique et théorique amène à la concevoir comme un ordinateur. La figure ici ne vaut donc que pour un temps. La trame, les réseaux, les fils ont été remplacés par les micro-processeurs. En même temps que la réalité industrielle du textile disparaît, la comparaison disparaît. L'informatique toute puissante impose ses métaphores.

Mais si cette figure semble déjà fixée à jamais dans la mémoire à long terme, elle rend quand même assez bien compte de ce qu'est le « tissu nerveux » que la mémoire emprunte pour circuler. Le tissu est défini comme étant une surface obtenue par un assemblage régulier de fils ou, de fils solidarisés par un procédé quelconque d'assemblage : collage, feutrage, tressage, tricotage, tissage.

  Ce dernier exige la présence de deux éléments : « une chaîne » disposée longitudinalement et une trame « disposée » transversalement. Les combinaisons d' entrelacements perpendiculaires de ces deux éléments sont extrêmement  nombreuses : elles portent le nom « d 'armures » .

  Ces figures en appellent d 'autres et notamment celles du réseau de cables et de poulies que l'on retrouve dans les carrières de marbre et d 'ardoise, ainsi que dans les sous-sols des usines Soulé et Comet. Le lieu semble quadrillé, imposant aux éléments une circulation particulière, une énergie démultipliée, une complexité de rhizomes, une interaction des mécanismes du système, une structure profondément associative, qui se définit dans le social comme une solidarité plus grande entre les gens, .... 

extrait de : « Treize lampes bleues seules éclaireront la ville, fragments de la mémoire ouvrière de Bagnères-de-Bigorre » Philippe Berthaut, éditions Privat, 1988

Le 16 avril 2009

J'ai pris les clichés de ce site (site industriel, dirions- nous aujourd'hui!) en 2000/2001.

Cette mise en chaos est antérieure, l'ultime k.o. de Comet, lui, avait eu lieu bien bien avant...

Depuis quelque temps déjà son cadavre était isolé, isolé de ceux qui l'avaient fait vivre...

Depuis les vélos y prennent leur SPA !

Isabelle T. me racontait bien souvent la vie des ouvrières, la sienne donc, « c'était dur disait-elle, mais des fois il y avait matière à rire...malgré tout.... ». Je ne vous rapporterais pas les histoires savoureuses parfois, douloureuses aussi, révélatrices bien souvent de moments de fraternité partagée.... la transmission en deuxième « main » écorcherait forcément l'humanité de ces récits.

Étrange et troublante coïncidence, j'avais bien sur pensé la fois où je pris ces clichés, qu'un jour ils me seraient utiles. L'effondrement du monde du travail tel que nous le connaissions se vit sans interruption depuis quelques décennies, fugitivement montré, les éphémères « images qui bougent »

celles qui sont en inserts sur papier glacé entre images glamour et celles du constat des divers  conflits d'humains !

Considérant que la peinture peut encore raconter des histoires et laisser trace de notre propre histoire, je pensais que je pourrais faire mien un jour ce désastre, et l'évoquer.

Il y a bien des artistes dits contemporains qui vont se perdre dans les grottes faire de la « transhistoire »..

Donc pour revenir au sujet qui nous préoccupe le jour où je décide de passer à l'acte et de peindre cette « fin de comettte »!! content, satisfait du premier jet, je pense à la série à venir et dis à mon entourage « je la dédierais à Isabelle, naturellement... »

La nécrologie du jour me rappelle à l'ordre, Isabelle est décédée.... Le lendemain lors de ces obsèques silencieuses, il y avait quelques rescapés de ces temps révolus, ma tête était ailleurs, je me rappelais cette bobine de laine rouge recouverte de mousse, dans l'éparpillement des cartons éventrés...

A dix/onze ans (? ) ,un jour par hasard, j'ai aperçu mon père, avec qui je ne partageais pas le quotidien, au fond d'une cuve gigantesque, métallo à l'époque à Agen... ma ville natale. Ce fut une image violente, elle allait décider de beaucoup de choses pour la suite.

Pour mes douze ans ma mère m'offrit Le grand cirque de Clostermann, un héros. Ce fut l'année où je rentrais à l' Université ! Restons calme, je vous explique. La fragilité de mes poumons alors, m'excluait du lycée ( Théophile Gautier à Tarbes). J'avais en mon fort intérieur idée que cela serait définitif, aussi « je devenais dévoreur de livres »; et compris plus tard que la lecture serait mes Universités.... Il y des citations de dates qui sont incertaines et demanderont à être vérifié, d'autres qui sont très assurées. J'ai donc lu Le grand cirque à mes douze ans. J'ai aimé cette aventure, qui ne fit pas de moi, ultérieurement, un gaulliste (ce n'est pas un scoop...), mais en suivant et d'un traît, je me rappelle du lieu de lecture, j'ai « avalé » Germinal !

Par la suite je n'ai jamais eu envie d'en voir les adaptations etc. etc... J'ai relu ces jours-ci cet ouvrage, reposé il y a prés de 59 ans !  La copie du premier chapitre m'a servi de prétexte à cette « frise ornementale avec incrustations de dessins et collages augmentés de textes empruntés à des narrateurs de la Crise ».

L'ensemble représente une frise de 23 centimètres sur 650 centimètres,  frise qui peut compléter la série bling bling, mais aussi la série actualités 2008. Pour ceux qui souhaitent exposer cette suite...

soyez attentifs : prochaine série, « Nudités en atelier » (2008-2009)

Reviennent dans l'atelier des oeuvres petits formats, extraites de l'ensemble Les peintres du ciel, peintres des utopies, exposition présentée à l'Escaladieu. Elles ont été montrées en Slovaquie dans deux villes Presov et Sabinov... J'évoquerais cette « échappée » dans un autre courrier. Avec cette visite étonnante sur les terres d'origine de Andy Warhol, il est à l'honneur actuellement. Notez aussi que l'exposition : Les peintres du ciel, peintres des utopies sera en place à Mâcon durant le mois d'août 2009.

Et plus en proximité : une exposition à Aignan dans le Gers (voir Saint-Mont et Armagnac) durant le mois de juillet je mettrais mes « peintures animalières » en estives! Notamment un hommage à Gaston Massat.... pour plus de précisions : venez si le coeur vous en dit à l'atelier...

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